Le Débat, n°178, janvier-février 2014

SOMMAIRE

SUR LE GRAND MARCHÉ TRANSATLANTIQUE

L’Union européenne a entamé des négociations avec les États-Unis en vue d’un abaissement aussi poussé que possible des barrières douanières de part et d’autre de l’Atlantique. L’enjeu est capital, étant donné la puissance du partenaire. À bien des égards, l’avenir de l’Europe est appelé à dépendre du résultat de ces négociations. Pour autant, le sujet ne fait pas l’objet de l’attention qu’il mérite de la part des grands moyens d’information. La fondation Res Publica, animée et dirigée par Jean-Pierre Chevènement, a organisé, le 16 septembre 2013, une rencontre destinée à éclairer les tenants et les aboutissants de la démarche en cours. Ce sont ses actes que nous reproduisons. Nous remercions très vivement Jean-Pierre Chevènemen t de nous avoir autorisés à les reprendre.

Jean-Michel Quatrepoint replace la négociation dans son contexte stratégique et géopolitique. Hubert Védrine définit ce que doit être à ses yeux l’attitude européenne. Xavier Bertrand s’interroge sur les implications du projet. Jean-Luc Gréau exprime les craintes que lui inspire le déséquilibre des forces en faveur des États-Unis. Jean-Pierre Chevènement, enfin, élargit le propos en replaçant le traité en cours d’élaboration dans les remaniements entraînés par la mondialisation.

Du transpacifique au transatlantique par Jean-Michel Quatrepoint
Négocier avec fermeté et vigilance par Hubert Védrine
Les vrais enjeux d’un projet démesuré par Xavier Bertrand
Le triomphe programmé du modèle américain par Jean-Luc Gréau
Le partenariat transatlantique et l’avenir de la mondialisation par Jean-Pierre Chevènement

QUESTIONS POLITIQUES POUR 2014

Identité, fiscalité, libéralisme, capitalisme, sécurité, immigration, croissance : on trouvera ci-après un large éventail d’analyses en profondeur des problèmes qui font l’actualité.

Le malaise français n’est plus à démontrer, ce qui ne l’empêche pas de rester mystérieux. Stéphane Perrier en propose une interprétation. Il est à lier, suggère-t-il, à la manière très particulière dont se déploie l’universalisme national.

La scène politique et médiatique est grande consommatrice d’idées, qu’elle passe à sa moulinette. Le regretté Philippe Cohen retrace le destin de quelques-uns de ces thèmes à succès dans la période récente.

La critique du néo-libéralisme est au cœur du débat public d’aujourd’hui. Mais en quoi consiste-t-il au juste ? Comment le situer par rapport à la tradition du libéralisme classique ? Michel Guénaire, en libéral revendiqué, livre son analyse.

La protestation bretonne contre l’écotaxe a mis en lumière une innovation fiscale passée inaperçue. En fait d’avancée vers l’avenir, comme elle a été présentée, elle nous ramène plutôt vers le passé, montre Alain Guery, en spécialiste des finances de l’Ancien Régime.

La question de l’insécurité est plus brûlante que jamais. Comment y répondre de manière efficace ? La France gagnerait à s’inspirer d’exemples étrangers qui mettent le renseignement au premier plan, plaide Clément de Maillard.

S’il est un sujet qui demanderait une réflexion publique dépassionnée et informée, c’est l’immigration. Nous en sommes loin. Aussi ne nous a-t-il pas semblé inutile d’aller chercher un modèle du côté du Royaume-Uni, avec l’analyse que donne Paul Collier.

Les effets de la financiarisation de nos économies attendent d’être évalués dans toute leur étendue. Et si au rebours de l’objectif de création de richesse, ils conduisaient à une économie de prédation ? Jacques Ould Aoudia fait ressortir les raisons qui justifient de le redouter.

Le gouvernement français, avec la plupart des autres gouvernements européens, bute sur l’obstacle d’une croissance introuvable. Plutôt que de s’acharner en vain à la poursuite d’un but qui se dérobe, n’est-ce pas le moment de chercher d’autres voies pour améliorer la condition collective ? Valérie Charolles avance une série de propositions en ce sens.

L’universel ou le néant ? Retour sur le malaise français par Stéphane Perrier
Pensée unique, fracture sociale, populisme. Comment la politique vampirise les idées nouvelles par Philippe Cohen
Libéralisme et néo-libéralisme : continuité ou rupture ? par Michel Guénaire
Bonnets verts, bonnets rouges et bonnets phrygiens. L’écotaxe : démarche écologique ou camouflage politique ? par Alain Guery
Sécurité et renseignement par Clément de Maillard
Immigration : mesurer les avantages et les coûts de la diversité par Paul Collier et Pierre-Emmanuel Dauzat
Captation ou création de richesse ? Une convergence inattendue entre Nord et Sud par Jacques Ould Aoudia
Neuf thèses pour sortir de l’enfer économique par Valérie Charolles

LA FIN DE VIE, L’ÉTHIQUE ET LES MÉDECINS

Le droit de disposer des conditions de sa propre mort est une revendication qui ne cesse de grandir au sein de nos sociétés, à la mesure de leur individualisation. Si le principe paraît simple sur le papier, il soulève toutefois de considérables problèmes philosophiques, et en pratique son application se heurte à de grandes difficultés. Mais la pression de l’opinion rend le sujet désormais incontournable. Il est destiné à rester à l’ordre du jour. Il y va d’une liberté individuelle fondamentale dont l’exercice est à définir. Les pouvoirs publics l’ont bien compris qui ont décidé de remettre en chantier la loi Leonetti de 2005 qui encadre, en France, la pratique médicale devant la fin de vie. Le Débat compte bien apporter sa contribution à cette discussion essentielle. Nous l’ouvrons avec un article de Véronique Fournier qui met en lumière l’insuffisance des textes en vigueur, accompagné d’un commentaire d’Alain Touraine.

Contre le « mal mourir ». La loi Leonetti ne suffit pas par Véronique Fournier
Le temps du mourir par Alain Touraine

L’ANGLAIS À L’UNIVERSITÉ

La décision de la ministre de l’Enseignement supérieur d’autoriser les cours en anglais dans un certain nombre de filières universitaires a suscité une vive controverse au printemps dernier. Ses termes méritent d’être creusés et précisés, au-delà des positions caricaturales auxquelles elle a pu donner lieu, car elle engage des enjeux durables pour un pays comme la France. Entre l’adaptation inconditionnelle à un environnement scientifique international anglophone et la défense aveugle de l’« exception culturelle », il y a place pour une stratégie raisonnée comme le plaident, chacun à leur manière, Daniel Gouadain et François Grin.

Il s’agit d’abord de savoir de quoi il est question et de préciser les conditions qui imposent le recours à l’anglais. En expert des problèmes de traduction, François Grin réfléchit sur les bons usages en la matière. Mais dans tous les cas, c’est une matière trop importante pour être abandonnée à l’arbitraire des solutions locales, fait valoir Daniel Gouadain. Elle demande de définir une politique. Ce bilinguisme académique est une donnée de notre nouvelle condition globale qui doit être assumée de manière maîtrisée.

Dépasser les idées reçues par François Grin
Le leurre du laisser-faire par Daniel Gouadain

SUR LE DROIT NAZI

L’histoire du nazisme demande a être élargie par rapport à l’histoire politique et sociale à laquelle elle s’est généralement tenue. La dimension idéologique du système national-socialiste passait pour peu consistante, hors de son racisme sommaire et brutal. Or les choses ne sont pas si simples. Le régime a développé une élaboration doctrinale qui est à prendre au sérieux si l’on veut comprendre plus d’un aspect de son fonctionnement. Le domaine juridique est caractéristique à cet égard. Car il y a bel et bien eu un « droit nazi », si contradictoire que l’idée puisse paraître, comme le montrent les deux études réunies ici. Le régime se réclame du « peuple ». Johann Chapoutot examine ce que recouvre la notion dans un tel cadre et en dégage les implications. Olivier Jouanjan revient sur la torsion infligée au terme même de « droit » et s’attache à cerner le style spécifique de « discours juridique » qui en résulte.

Le « peuple », principe et fin du droit. À propos du droit national-socialiste par Johann Chapoutot
Qu’est-ce qu’un discours « juridique » nazi ? par Olivier Jouanjan

QUELLE HISTOIRE ?

L’histoire ou l’oubli par Michel Serres
De l’utilité des petits récits par Marcel Gauchet

DOCUMENT

Russie : le pouvoir contre les ong. Le point de vue de Memorial par Arseni Roginski, Alexandre Daniel et Alexis Berelowitch

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