Face au capitalisme de transgression

Tribune de Jérôme Batout publiée dans Le Monde du 4 décembre 2014.

« Il y a un siècle la jeunesse s’opposait au capital. Le capitalisme de production requérant pour fonctionner la coopération active, la grève avait une efficacité, tout comme le syndicat ou le parti. Un siècle plus tard la caractéristique du néolibéralisme — et ce qui en fait un phénomène fascinant — est qu’il fonctionne non pas à la coopération, mais à la rébellion. La rébellion n’est pour lui ni un problème, ni un obstacle, c’est son ressort et c’est son énergie.

Du marketing viral aux militants radicaux, des it-girls aux hackers, le mot d’ordre est le même : transgresser. Ce capitalisme de transgression, qui unifie en une seule dynamique les trendsetters, les frondeurs, les innovateurs, les traders haute-fréquence, les zadistes, les Kardashian, les rebelles et les indignés, est la dimension qui change tout. Et qui oblige à se demander si la jeunesse radicale n’opte pas pour des techniques qui, si elles ont été efficaces dans le passé, sont devenues entretemps la matière première du capitalisme oppositionnel.

Les facultés de reprogrammation génétique du néolibéralisme sont telles que toute expérimentation, toute résistance, toute indignation, tout troll et tout spoil seront bientôt élargis, rebrandés puis mass-marketés depuis une avant-garde vers le monde, et convertis provisoirement en mainstream, avant d’être relégués en ringard. Au final nous aurons tous été métrosexuels, bobos, hipsters, et évidemment tatoués. » (Jérôme Batout)

A chaque génération ses combats. En 2014, l’un des combats de la jeunesse radicale est contre le néolibéralisme et les dégradations qu’il provoque dans la société et dans l’environnement. Il faut se réjouir de vivre dans un pays qui compte une petite fraction de jeunesse active, lui faire crédit de sa sincérité et de son ouverture envers ceux qui agissent partout dans le monde. En France, cette jeunesse a le choix entre un piège à éviter et un risque à courir.

Il y a un siècle, la jeunesse s’opposait au capital. Le capitalisme de production requérant pour fonctionner la coopération active, la grève avait une efficacité. Un siècle plus tard, la caractéristique du néolibéralisme est qu’il fonctionne non pas à la coopération, mais à la rébellion. La rébellion n’est pas pour lui un obstacle, c’est son ressort.

Le capitalisme de transgression, qui unifie en une seule dynamique les initiateurs de tendance mode, les frondeurs, les innovateurs, les traders haute-fréquence, les zadistes, les rebelles et les indignés, est la dimension qui change tout. Et qui oblige à se demander si la jeunesse radicale n’opte pas pour des techniques qui sont devenues la matière première du capitalisme oppositionnel.

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