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Peut-on réformer l’école ? Débat Claude Thélot-Marcel Gauchet

Pourquoi les réformes de l’école n’aboutissent-elles pas ? Comment y remédier ?

En France, les tentatives de réformes de l’école se succèdent, donnant l’impression de ne jamais aboutir. Pourtant la dégradation des résultats mise en évidence par les évaluations nationales et internationales devrait susciter un consensus autour de cet objectif et de son urgence. Pourquoi les réformes n’aboutissent-elles pas ? L’école est-elle « irréformable » ? Les obstacles relèvent-ils de désaccords irréductibles sur le contenu des réformes ou d’erreurs de méthode dans la mise en œuvre du changement ? Après tant d’échecs peut-on suggérer des voies d’action ?
Claude Thélot et Marcel Gauchet parcourront ensemble l’histoire de ces réformes, analysant les causes de leurs échecs successifs et les solutions envisageables.

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L’écran, nouveau maître du monde

Article de Marcel Gauchet publié sur marianne.net le 6 juillet 2013.

Un livre de Valérie Charolles, « Philosophie de l’écran », éclaire l’univers digital dans lequel nous vivons désormais. Le rédacteur en chef du « Débat » l’a lu pour nous.

Voici un puissant coup de projecteur sur la nouveauté si déconcertante de notre monde. Elle se résume dans un objet-fétiche, en permanence à portée de regard, compagnon de tous les instants : l’écran. Un objet carrefour en lequel confluent les chiffres de l’économie, les images qui nous informent, nous distraient, les messages qui nous bombardent.

Tout passe par lui : l’hégémonie des marchés, le règne des médias, l’omniprésence de la société du spectacle, la liberté des réseaux numériques. Ecran minuscule dans notre poche, écran géant à l’usage des foules, il est notre feu vital, le foyer autour duquel nous nous réunissons.

Derrière cet ustensile familier, il y a un nouveau monde que nous ne connaissons pas. Nous savons quels sont ses éléments, puisqu’ils ont été fabriqués de main d’homme et que nous en avons l’usage quotidien. Mais son fonctionnement nous échappe. N’en déplaise au principe qui voudrait que l’esprit saisisse comme vrai ce qu’il a fait, il nous est opaque et se soustrait à notre contrôle. Son émergence correspond au moment où, du point de vue de nos existences, l’univers artificiel l’a définitivement emporté sur le milieu naturel.

Nous sommes en train de vivre la fin de la nature, et les efforts que nous faisons pour la préserver ou la reconstituer ne font que l’artificialiser davantage. La moitié de la population du globe vit dans des villes, elles-mêmes de plus en plus techniques, organisées comme un assemblage de réseaux, de systèmes, de machines.

Qui travaille encore à transformer la matière de ses mains, comme à l’âge héroïque de la production ? Or voici qu’au moment où nous nous installons dans un « technocosme » conçu par l’intelligence humaine, ce milieu tissé de nos signes et de nos symboles, que nous devrions en principe maîtriser, nous devient obscur, énigmatique, étranger. La crise de l’action politique n’a pas d’autre motif. C’est le mystère de ce retournement que Valérie Charolles cherche à percer.

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La France est inquiète

Entretien publié sur le jdd.fr le 16 septembre 2013.
Propos recueillis par Laurent Valdiguié.

Le philosophe et historien Marcel Gauchet a rencontré Jean-Marc Ayrault durant trois heures en août dernier. Résolument de gauche, il n’a pas mâché ses mots face au Premier ministre. Il appelle les politiques à sortir de leur mutisme sur « les sujets qui fâchent ».

De quoi la France est-elle malade ?
Nous sommes le peuple le plus pessimiste de la planète! Selon toutes les études internationales, les Français sont les champions du pessimisme pour l’avenir de leur pays et de leurs enfants. Il est vrai qu’il y a un bémol : les Français restent optimistes pour eux-mêmes. À la question « êtes-vous heureux? », ils répondent massivement oui. Ce décalage est très intéressant. La France d’aujourd’hui est un pays profondément inquiet, et donc profondément crispé. Un pays qui a peur du changement, vécu comme un danger potentiel. Du coup, toute réforme est nécessairement mal accueillie. Sans compréhension de ce climat, l’action politique ne risque pas d’aller loin.

À quand remonte ce pessimisme ?
C’est une évolution de fond amorcée au milieu des années 1970, avec le choc pétrolier de 1973 et la chute des niveaux de croissance qui en a résulté. Cette crise était en fait la crise de l’entrée dans la mondialisation. Tout le monde a subi le même phénomène en Europe, mais la perception qu’en ont eue les Français est particulière. Tout démarre là. La mondialisation, qui n’a cessé de s’amplifier depuis, a représenté ici un choc énorme.

Pourquoi nous touche-t-elle plus que les autres ?
Elle prend à revers tout notre modèle culturel, social et politique. Avec la mondialisation, les Français sont pris à contre-pied dans toutes leurs habitudes de pensée… Le modèle politique global, c’est le modèle libéral, le moins d’État possible, le plus de place à la société possible. Pour les Français, habitués à un État pilote et protecteur, c’est un ébranlement très profond. Sur le plan social, la mondialisation, c’est le modèle de la réussite individuelle, de l’entreprise et du profit. Or la société française, globalement, déteste l’argent et a le goût de l’égalité! Qui dit compétition, concurrence, initiative, dit inévitablement creusement des inégalités!

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Entretien

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Sarkozy « devenait pathétiquement incapable de dialogue dès lors qu’il était en désaccord »

Entretien publié dans le Journal du Dimanche du 15 septembre 2013.
Propos recueillis par Laurent Valdiguié.

Le philosophe et historien Marcel Gauchet livre pour le JDD son regard sur les présidents de la République depuis Mitterrand.

Vous avez rencontré tous les présidents depuis Mitterrand. Comment voyez-vous François Hollande ?
Il est charmant, drôle. C’est un homme très intelligent, très lucide et c’est en même temps un politicien indéchiffrable. Il y a deux hommes chez lui entre lesquels je n’arrive pas à faire le joint. D’un côté le politicien pour qui, en gros, la politique consiste à s’arranger avec les problèmes, à limiter les dégâts… sans faire de miracle. Et puis il y a un François Hollande analyste, d’une grande acuité dans l’appréhension des situations. Je l’ai entendu tenir des propos sur l’Europe qui m’ont sidéré par leur justesse. Il y a deux Hollande. Un Hollande qui ferait un observateur remarquable et un Hollande opportuniste dans l’action, dont le jeu consiste à ne pas se démasquer, persuadé qu’on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment!

Mitterrand ?
Le Mitterrand du second septennat, après 1988, donnait l’impression d’être à côté de la plaque. Il était très habile bien sûr, très au fait des choses, mais il lisait les événements avec une grille d’une autre époque. L’âge et la fatigue y étaient pour quelque chose.

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Entretien

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L’intellectuel Marcel Gauchet garde la forme

Article de Philippe Petit publié par Marianne le 13 septembre 2013.

Après le « slow food », ce mouvement de défense – né en Italie –, de la saine nourriture des circuits courts, et de la production sous surveillance, et le succès honorable de la revue XXI, consacrée à un journalisme de longue haleine, qui prend son temps et fait la guerre aux petits papiers, il ne faut pas s’étonner de voir surgir d’autres revues dont le mot d’ordre est de ralentir. Ainsi de Au fait, dont le numéro 3 vient de paraître et dont nous conseillons hardiment la lecture, qui se qualifie de « Media lent », et publie ce mois-ci un entretien salutaire avec Marcel Gauchet réalisé par Bernard Poulet.

Cet entretien remet en quelque sorte les pendules à l’heure sur cet art de « l’impuissance fabriquée », qui caractérise la situation politique actuelle, qui combine une crise profonde de la démocratie en Europe avec une crise de la construction européenne. Il nous permet de mieux appréhender ce que l’économiste Robert Salais appelle de son côté « Le viol d’Europe » – enquête sur la disparition d’une idée – qui accompagne la rentrée des essais aux PUF.

L’Europe en effet aujourd’hui empêche les citoyens d’agir et les gouvernements de gouverner. « Par un mélange de droit et de régulation économique », elle met en place une espace de gouvernance totalement inféodé au délire de l’abstraction et à la loi des nombres. Le programme de la commission européenne est un programme chiffré qui ne jure que par les indicateurs de croissance. L’Europe est « une machine à vider la volonté politique de toute substance ». Ce qui fait dire à Marcel Gauchet que si l’intention d’origine était bonne, les instruments mis en oeuvre aujourd’hui sont « déplorables ». Les institutions de l’Europe sont « une rêverie de technocrate ». Et d’ajouter cette phrase qui fait frémir : « qui se sent représenté aujourd’hui par le Parlement européen » ?

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J’ai rencontré Jean-Marc Ayrault : ce que je lui ai dit sur la France de 2025

Publié le 22 août 2013 sur le site Le Plus du Nouvel Observateur.
Propos recueillis par Eric Aeschimann.

Le 14 août dernier, le philosophe Marcel Gauchet a planché pendant trois heures à Matignon sur l’avenir de la France en 2025, à l’invitation de Jean-Marc Ayrault. En exclusivité pour « Le Nouvel Observateur », il raconte cet entretien avec le Premier ministre et une dizaine de ses conseillers.

J’ai rencontré Jean-Marc Ayrault en juin au cours d’un dîner. Il m’avait dit : « Il faut qu’on se revoie pour parler plus longuement. » En général, lorsqu’un homme politique vous dit cela, on n’a plus jamais de nouvelles… Cette fois, j’ai été recontacté. Il souhaitait discuter avec moi à partir du thème du séminaire de rentrée du gouvernement : « La France dans le monde de 2025 ».

Je suis donc allé à l’hôtel Matignon le mercredi 14 août. La conversation a duré trois heures avec le Premier ministre et une dizaine de ses conseillers.

On ne change pas l’identité d’un pays par décret

Je l’ai d’abord mis en garde : pour se projeter à long terme, il faut aller au-delà de l’économie. Le profond malaise qui paralyse la France tient moins aux difficultés économiques qu’à une crise d’identité. Depuis la Révolution, notre pays se définit par une identité universaliste, mais la mondialisation réduit mécaniquement notre influence dans le monde, et la prétention universelle de notre modèle n’est plus tenable.

Que faire ? On ne change pas l’identité d’un pays par décret : sur ce point, il faut méditer l’échec de Nicolas Sarkozy, qui a tenté d’aligner l’identité française sur le modèle européano-libéral. Il a échoué à cause de la méthode, mais aussi à cause du but : les Français n’avaient pas envie de ça.

Il convient donc d’actualiser l’identité française tout en restant dans la continuité. Je crois que la France peut avoir l’ambition d’être un pays exemplaire dans sa capacité à ne laisser personne au bord du chemin. Le néolibéralisme divise la société entre les utiles et les assistés. Définir une société qui fasse de la place à tout le monde, voilà qui pourrait donner un nouveau contenu à l’universalisme français.

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Le Débat, n°175, mai-août 2013

SOMMAIRE

– Difficile enseignement de l’histoire par Pierre Nora

ENSEIGNER L’HISTOIRE DE FRANCE

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’enseignement de l’histoire est bousculé du dehors et du dedans, du dehors par des doutes sur son utilité, et du dedans par des appels à sa redéfinition. Il était indispensable à cet égard de commencer par remettre les perplexités actuelles en perspective historique. Patrick Garcia retrace les étapes de l’évolution de la discipline. Hubert Tison rappelle les combats récurrents auxquels son sort a donné lieu sous la Ve République.

Le débat sur les programmes a été relancé récemment à propos du collège, puis du lycée. Laurent Wirth, qui a présidé à leur confection, revient sur les conditions de leur élaboration et sur les choix effectués. Dominique Borne, qui l’a précédé dans les mêmes fonctions, tire les leçons de son expérience en la matière. Olivier Grenouilleau se penche sur l’image de la discipline et sur son rôle réel dans le système d’enseignement.

L’un des grands ébranlements d’aujourd’hui résulte de la globalisation et de la relativisation du cadre national qu’elle opère. Comment et jusqu’où intégrer les apports de l’histoire globale, se demande Christophe Charle ?

La vieille association, très française, entre histoire et géographie est secouée par les évolutions, pas forcément convergentes des deux disciplines. Christian Grataloup s’interroge sur l’avenir de la géographie à l’école.

Mais peut-être l’heure est-elle venue d’un changement de philosophie radical de l’enseignement de l’histoire, suggère Krzysztof Pomian. À une démarche classique allant du passé vers le présent, ne convient-il pas d’en substituer une autre, remontant du présent vers le passé ?

Les péripéties de la discipline par Patrick Garcia
La bataille de l’enseignement. L’histoire sous la Ve République par Hubert Tison
Définir les programmes par Laurent Wirth
Quelle histoire de France enseigner ? par Dominique Borne
L’histoire à l’école. Représentations, enjeux, perspectives par Olivier Grenouilleau
Histoire globale, histoire nationale ? Comment réconcilier recherche et pédagogie par Christophe Charle
La géographie scolaire sans boussole par Christian Grataloup
Partir du présent par Krzysztof Pomian

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Les rapports entre République et religions

Billet publié sur le blog autheuil.org le 29 mai 2013.

L’évolution du fait religieux en France suscite de nombreux débats sur les rapports entre République et religions, comme en témoigne le dépôt régulier de propositions de loi sur la laïcité. C’est afin de nourrir la réflexion de ses membres que le groupe d’études sur la République et les religions, présidé par M. Jean-Pierre Barbier, UMP, Isère, a auditionné sur ce thème M. Marcel Gauchet, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), le mardi 28 mai de 18h à 19h30 à l’Assemblée nationale – salle 7042, 103 rue de l’Université – Paris 7e.

J’ai assisté dernièrement à une audition de Marcel Gauchet, dont je suis un grand fan. Une fois de plus, je n’ai pas été déçu, et en plus, j’ai appris des choses. Le thème était très large, Religions et République, ce qui laissait à Marcel Gauchet la liberté de partir un peu où il voulait.

Il analyse la situation actuelle comme le télescopage d’une évolution de fond avec deux éléments nouveaux. L’évolution de fond, c’est l’apaisement de la vieille querelle entre la République et l’église catholique. Cette dernière a renoncé à fixer le cadre de la vie collective, et même si elle continue à porter et affirmer des valeurs, elle n’est plus dans la position intransigeante où elle entendrait les imposer comme c’était le cas au XIXème siècle. La société a également évolué, en reconnaissant de plus en plus les religions comme appartenant à la société civile, avec les mêmes droits que les autres organisations. On est loin des tentatives radicales du débuts du siècle d’isoler les églises et de les museler. Il constate aussi une convergence européenne, avec une tendance à la séparation dans les pays, notamment protestants, où les églises sont officielles. Les deux éléments perturbateurs récents sont l’émergence massive de l’islam et la montée d’un individualisme très fort, qui s’accompagne d’une montée des identités et d’une demande très forte de reconnaissance publique.

Il appuie aussi sur un point trop souvent occulté, mais essentiel : le recul effarant de la culture religieuse, et surtout, de la simple connaissance. Pour une partie grandissante de la population, la religion est devenue quelque chose d’étrange et d’étranger. Non seulement ils ne comprennent plus les références et les symboles, mais le fait même d’être croyant leur est étranger. Cela s’accompagne d’une très grande tolérance envers les croyances, même les plus farfelues, tant qu’elles restent de l’ordre de l’intime, et d’une très grande intolérance pour les manifestations et l’expression des croyances dans l’espace public. Ce rejet est décuplé par le fait que beaucoup ne comprennent plus ce qu’est la religion. C’est un phénomène qu’on ne retrouve qu’en Europe, qui fait figure de bizarrerie. Les Américains par exemple, n’arrivent pas à nous comprendre sur ce sujet (et c’est réciproque) tellement les matrices culturelles et intellectuelles sont devenues divergentes. L’Europe est devenue un désert religieux.

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La recherche de la paix passe par la recherche d’une plus grande justice

Entretien avec Marcel Gauchet publié le 8 juillet 2013 sur le site ragemag.fr.
Propos recueillis par Kévin Boucaud Victoire.

Philosophe et historien socialiste, rédacteur en chef et co-fondateur de la revue Le Débat, Marcel Gauchet nourrit le débat public depuis un bon nombre d’années. Vrai théoricien de la notion de « fracture sociale » qui a paradoxalement permis l’élection de Jacques Chirac en 1995 et qui continue d’alimenter encore les discussions aujourd’hui, s’intéressant à divers sujets comme la re-conceptualisation de la démocratie, la religion ou l’éducation, Gauchet est un anti-marxiste qui place la lutte des classes au centre de ses analyses ce qui fait de lui un intellectuel inclassable.

Peut-on parler d’une nouvelle ligne de rupture entre mondialisme et anti-mondialisme qui viendrait s’ajouter au clivage politique entre la gauche et la droite ?

Je ne crois pas que le clivage droite/gauche soit dépassé. Ce qui est vrai, c’est qu’il est relativisé. Il l’est d’abord par le pluralisme démocratique. La gauche ne rêve plus de faire disparaître la droite et la droite n’imagine plus un monde sans gauche. À partir du moment où on sait que l’adversaire sera toujours là, on cesse de donner un sens absolu à l’opposition. Et on s’aperçoit qu’il y a des contradictions fortes dans chacun des camps, qui étaient plus ou moins cachées par l’intensité de l’affrontement. Par exemple, il y a des gens hostiles à la mondialisation et des gens qui lui sont favorables à droite et la même chose à gauche, pour des motifs différents. C’est pourquoi je ne crois pas du tout que ce soit le nouveau clivage déterminant. Il traverse les deux camps.

L’époque actuelle vit-elle une crise de la démocratie ou l’aboutissement de sa logique ?

Les deux sont vrais en même temps. Nous avons affaire à un aboutissement de la démocratie, ou en tout cas à un approfondissement, qui a pour effet de mettre la démocratie en crise. Ce qui veut dire que nous ne sommes pas au bout de l’histoire. Aboutissement est à prendre avec prudence. C’est la raison pour laquelle je parle d’une crise de croissance. Cette crise est spécifiquement une crise d’impuissance : nos régimes n’arrivent plus à produire un pouvoir démocratique efficace, capable de peser sur le cours des choses.

Dès lors, ne pourrait-on pas penser à une redéfinition de la démocratie ?

La notion de démocratie est en train de se redéfinir. Il faut distinguer là-dessus entre la définition institutionnelle, celle des juristes, qui n’a pas de raison de varier beaucoup – l’État de droit, la garantie des libertés individuelles et publiques – et la compréhension théorique du déploiement historique de la société démocratique moderne. C’est une affaire autrement compliquée, qui change au fur et à mesure que ce parcours avance. Il a sacrément bougé depuis trente ans !

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Droite et gauche : des victoires à la Pyrrhus


Propos recueillis par Politique Autrement

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